deux propositions se sont suivies et imbriquées, l’une sur maison et utopies (je suis partie de la "leçon des crevettes" que l’on trouve dans le "traité d’anarchitecture" que l’on trouve dans "L’affaire furtif" de sylvain prudhomme et je réalise que je n’ai pas parlé "poupées russes" ou "gigognes" bien qu’une forme d’habitation gigogne ait été évoquée dans un texte : le ventre de la mère), l’autre sur une chambre à soi, celle de virginia woolf convoquée bien sûr.
photo : éric barbier
sculpture papier : stéphane gantelet
Maison Nuage
Maison dans le ciel bleu, posée au milieu de nulle part,
Maison cocon, alvéoles abri,
Maison qui protège par sa rondeur rassurante,
Maison ilot, solitude tranquille,
Maison itinérante au grès des vents,
Maison face à d’autres « maisons-nuages-amies » semblables,
Maison rêvée regardant quelques nuages dans le bleu du ciel.
Cécile de Bournet
Une chambre à soi
Enfant elle se situait sous la table, la nappe débordante me faisait oublier des autres
Entre les pieds des convives, assise sur mes talons, je scrutais leurs expressions.
Cet espace de liberté dépendait de l’oubli des autres
Oubliez-moi, je n’en serai que mieux.
De ces pieds qui tapotent l’ennui, la gène, la sympathie.....
j’évitais, me déplaçais silencieusement ; de cet oubli naissait ma liberté.
Liberté d’échapper à la contrainte
Liberté chérie de me prendre pour ce que je ne suis pas sans que ma mère n’ait à me le faire remarquer
Liberté des mimiques du ridicule qui déforment mon visage mais libèrent et mettent du rire dans mon âme d’enfant.
Les adultes du dessus, sérieux, appliqués à converser, travaillaient à mon oubli, occupaient l’attention de ma mère.
Pour que je puisse enfin exister et exprimer ce qui de la vie me semblait burlesque, me semblait être moi.
Naissance d’une cuisse qui déborde d’un bas, une main qui effleure tant de féminité
Des jambes qui se croisent, celles de l’homme soupèsent celles des femmes
La main d’un d’entre eux qui, d’un mouvement leste, vient repositionner un sexe trop repus
Mon regard aiguisé, libre, nourrissait ma curiosité
Je maîtrisais le dessous.
Vite, aller dans un lieu de refuge, de calme, de paix, de lumière, par une solitude consentie et nécessaire pour se retrouver.
S’asseoir confortablement dans un jardin croulant sous un désordre de plantes, de fleurs, d’arbustes.
Se couper du monde extérieur par un regard émerveillé sur ce qui m’entoure, par les couleurs, les odeurs, les formes qui se font et se défont au gré des associations.
Et là, dans cette paix, un sourire au cœur, regarder enfin le ciel.
Quelques nuages : sont-ils habités ?
Pouvoir enfin laisser son imagination galoper, sans aucune retenue, sans aucun interdit. Les formes, les couleurs, les matières surgissent, les créer, mais de quelle manière ? De quelle matière ? Mais faut-il vraiment qu’elles prennent vie ? Où restent-elles, autour de moi, à m’entourer.
Cécile
vendredi 18 février 2011, par