du séminaire "Se rencontrer : l’écrivain en milieu scolaire" je retire
le désir de lire dominique viart, intervention remarquable
la diversité des approches et des personnages, qu’ils soient profs ou écrivains ou les deux (toujours la diversité me met en joie)
et cette anecdote rapportée par dominique viart, pour illustrer l’idée selon laquelle l’écrivain est aujourd’hui "une homme dans la foule", à propos de françois bon (dont il a évoqué le travail à plusieurs reprises et qu’il tient pour un écrivain contemporain majeur, il lui a d’ailleurs consacré une étude) : françois bon avait donc débarqué au milieu des étudiants, les cheveux en bataille, le pull un peu large, un peu bourru aussi, françois bon quoi, et il s’était mis à lire son texte en battant du pied pour mieux le rythmer, un peu comme un rocker... Et une étudiante s’est alors retournée vers son professeur, dominique viart, pour lui dire d’une voix timide, presque tremblotante "Monsieur, c’est ça un écrivain ?". Rires dans la salle. Et la façon dont j’étais intimidée, moi aussi, la première fois que j’ai rencontré F. Et encore aujourd’hui.
Mais sans françois je ne serais pas là, je n’aurais pas convolé avec SPIP, je n’aurais pas rencontré ma frangine, je n’aurais pas. Alors MERCI (et les textes sont nombreux qui existent grâce à lui).
Je n’aurais pas non plus rencontré sarah cillaire qui m’aide à retravailler Poreuse (alors qu’il devait paraître j’ai décidé de revoir certains passages que je trouvais faibles). Elle est dramaturge dans une pièce au long titre Avez-vous eu le temps de vous organiser depuis la dernière fois qu’on vous a vus qui je l’espère connaîtra suffisamment de succès pour descendre dans mon midi. La première représentation a lieu ce soir. Inutile de dire que je suis hyper jalouse de tous ceux qui pourront s’y rendre !
Et puisqu’il est question de Poreuse et que je suis généreuse comme fille, voici en exclusivité un petit passage remanié, pour l’instant ni fait/ni à faire :
TU t’en sors pas, TU te dis, TU te répètes, sans arrêt, sans aucun arrêt, depuis combien d’années TU te répètes, cassé, TU en es cassé, à force, à force ça te casse la tête, TU te répètes Vas-Y, mais Vas-Y bordel, suffirait, TU te répètes, d’un geste un peu vif, un uppercut, un truc en –ut, un truc en –kick, en –pick, en –nick, en –zut, TU y arrives pas, TU te répètes TU te répètes TU te répètes TUUUUUUUUUUU t’en sors pas, faudrait un truc pêchu, couillu, TU as grandi MERDE, ça devrait SERVIR, ta boîte TU la connais, chaque centimètre carré, la surface elle est rugueuse, sauf le couvercle, d’un lisse, assommant, un type au 19ème qu’avait très bien dit ça, le ciel bas et lourd, très bien, voilà ce qui faudrait, au lieu de bêler Bas et lourd Bas et lourd Bas et lourd et lourd, un mot, un seul, ça peut suffire, un qui perce, un qui crève, un mot qu’à toi, un qui lui pète la gueule, il verrait le couvercle Moi je dis, il verrait ce qui verrait, quèquehose qui sorte une bonne fois pour toutes, une bonne fois pour toutes et basta, TU te répètes Ben Vas-Y, allez mec, rien à faire, TU t’en sors pas, c’est l’ENFER TU te répètes
vendredi 21 janvier 2011, par
Messages
26 janvier 2011, 15:33, par F Bon
pourtant le pauvre Dominique j’arrête pas de le faire monter au rideau, jamais eu d’ateliers d’écriture dans sa fac, et les profs de facs côté lettres on les voit jamais sur le web – quand au fait que la voix et le rythme ils considèrent que ça ne fait pas partie de la littérature, ça pourrait bien illustrer cette dépendance au livre imprimé qui les enferme dans un cocon ouaté de plus en plus loin des "bourrus" (suis pas tout seul dans le genre, quand même !) - et si content en m^peme temps de toutes ces amitiés et écritures qui se nouent, dont tu témoignes ici...
27 janvier 2011, 08:05, par Juliette Mézenc
holà françois ! tout doux et vivent (longtemps) les bourrus ! Précision donc : Dominique Viart parlait de toi avec chaleur et le fait que tu débarques ainsi, que tu donnes du rythme et de la voix, ne semblait pas fait pour lui déplaire, bien au contraire ! Contexte donc : il plaidait en effet pour l’intervention des écrivains "en milieu scolaire", l’anecdote étant destinée à faire comprendre à quel point ces interventions pouvaient perturber les représentations des élèves et à quel point c’était sain de les chambouler ainsi... je vois que j’ai encore du boulot avant de prétendre maîtriser l’art de l’ellipse (et ça m’apprendra à vouloir dire un millier d’amitiés et d’écritures dans le même billet ;)