honneur d’héberger aujourd’hui les femmes (elles-mêmes hébergées par des pierres) de Christine Jeanney qui me donne ainsi l’occasion de jouer aux poupées russes (les seules pour lesquelles je garde une vraie fascination, les autres me font vaguement peur). Vous trouverez les très nombreux textes de Christine en de très nombreux lieux sur le net (recensement de ses activités littéraires ici) et notamment sur publie.net
Enfin vous pourrez bien sûr, selon le principes des vases communicants, lire un extrait de Poreuse chez
elle
Hypothèses de femmes hébergées par des
pierres
Ce sont des femmes assises, éplorées, toute la peine du monde, voix de houle gémissantes, elles dansent avec les trépassés le soir.
Ce sont des jeunes filles, culbutes visibles dans l’écume, nagent sous les poissons volants, se marrent, lancent des tempêtes petites pour faire peur.
Ce sont des femmes secrètes, tissent du rien, immobiles, on espère qu’elles clignotent la nuit comme des phares.
Ce sont des femmes étranges, si l’on s’adresse à elles, baragouinent en langage coquillage, déconcertantes.
Ce sont des femmes mauvaises, dardent leurs yeux tentacules, les pêcheurs innocents les craignent, malédiction.
Ce sont des femmes géantes au corps de pierre, statiques, on n’y voit que du feu, vivent sous couverture.
Ce sont des femmes âgées en chapeaux écossais, prétendent cueillir des conques, on n’est pas dupes, elles toussotent.
Ce sont des femmes sérieuses, postures scientifiques un carnet à la main, étudient les marées, collectionnent des plumes, jouent aux graphiques.
Ce sont des femmes folles, tirent des feux d’artifice le 14 juillet ou d’autres jours, discrètement.
Ce sont des femmes méduse, transforment en pierre quiconque, un chapelet de cailloux autour d’elles, pas étonnant.
Ce sont des, mais non, ces hypothèses ne valent pas, ne sont pas des femmes mais des hommes, ne sont pas des hommes mais des chiens, ne sont pas des chiens mais des pensées, ne sont pas des pensées mais des désordres et des fumées, allons, la mer lave tout on recommence, femmes assises, jeunes filles ou femmes secrètes, étranges, mauvaises, géantes, âgées, sérieuses, folles et méduses, les hypothèses ne manquent pas (sans compter ce qui reste toujours possible, que ce soit moi venue au calme et je regarde le paysage, toutes ses couleurs changeantes, un instant).
Christine Jeanney
et pour les autres vases, suivez la pouliche échappée sur face book (et tiens belle surprise, claude favre nous rejoint !)
vendredi 7 janvier 2011
Messages
7 janvier 2011, 08:36, par brigitte Celerier
c’est délice pur
7 janvier 2011, 12:19, par kouki
tout est là, schizophrène ...
7 janvier 2011, 10:56, par petite racine
C’est délice, oui, et aussi que ce soit ici qu’on puisse lire cela, en cette contrée marine qui s’y connait en tempêtes et en écumes. Ce sont des femmes folles, décidément, et on a bien de la chance
7 janvier 2011, 12:03, par Candice Nguyen
aime en ce vendredi particulièrement ces mots de Christine d’avec ceux d’Anne Savelli
7 janvier 2011, 12:41, par Christophe Sanchez
C’est contemplation, mer-addict :)
7 janvier 2011, 20:27, par nolwenn euzen
Fait du bien d’entendre des femmes hypothèses plutôt qu’assertives. Et contente de découvrir votre blog et son archigraphie.
8 janvier 2011, 14:30
merci nolwenn et bienvenue !
7 janvier 2011, 21:17, par cjeanney
(n’empêche qu’aucune hypothèse n’est vérifiable, ah, la science est inefficace, cqfd)
Merci de vos mots et aussi, avez-vous vu comme c’est beau ici, chez les mots maquis ? Si belle place qui m’a été faite : merci Juliette :-)
7 janvier 2011, 23:20
Affection toute particulière pour vos femmes secrètes