Elles en chambre continue de grandir, avec sur mon ordi une liste de noms de femmes écrivains qui s’allonge, des notes, des liens vers des vidéos, et aussi ce magnifique texte de Virginie Gautier que je remercie grandement.
Ma "chambre à soi", ce que j’en sais
Cette sorte de revers logé dans le corps, et qui affleure.
Espèce d’espace tissé de l’intérieur, avec les mots des autres, courants d’air nécessaires, petites musiques où chercher rythme, rebond, ressource. Un bourdon, une basse. Ça parle à voix basse mais ça bouge, en même temps que la vie, ça copie tout, chaque geste plus appuyé, avec l’impression de toucher une autre matière, de traverser une épaisseur de vide, de frayer un passage, de creuser peut-être. Parfois ça s’enroule comme un manteau quand on veut prendre l’air, avec du froid autour car le confort effraie. Marchant, un ralenti intérieur. Ouvrir comme une boite l’espace nu, chercher dedans. Temps 1.
Parce qu’après, une fois fermée la pièce avec une porte, celle-là où l’on entre pour être véritablement seule, ma chambre à moi devient un trou. Quelle que soit cette pièce (j’ai appris à ne pas trop y regarder, à entreposer des livres, à allumer l’écran, à ouvrir le cahier de notes, vite, sans attendre) : fin de l’attente. Parce qu’après, une fois fermée, cette pièce avec une porte devient un corps, à la place de mon corps, avec des trous qui parlent, où se jettent des mots, advienne que pourra. Un gouffre dans le temps. S’abandonner y croire (vouloir y croire) à la nécessité de plonger - ne pas forcément y arriver. Entrelacer nage et plongée, une étendue, un fond. Le temps n’y a pas prise et une ligne suffit. Mais si la ligne manque, si le temps manque, si l’espace est fermé, je ressors de ma chambre mi-poisson, mi-baleine. Privée de quelque chose qui aide à respirer.
mardi 19 mai 2015, par