Scold’s bridle est un dispositif de punition utilisé en Écosse puis en Angleterre jusqu’au XIXe siècle à l’encontre des femmes dont le discours était jugé « médisant », « séditieux » ou « gênant ». Il s’agissait d’une muselière en fer avec un mors, souvent garni de pointes, qui prenait appui sur la langue.
Vanessa Notley, l’amie artiste qui m’a offert ce dessin en tout début de semaine, m’avait parlé de ce dispositif que j’avais aussitôt décidé d’évoquer dans le prologue de Elles en chambre, paru récemment aux éditions de l’Attente.
En le regardant ce matin, alors que je lui cherche une place de choix sur mes murs, je pense à tout ce qui bride la parole, les forces de l’extérieur et aussi les forces de l’intérieur, celles que l’on incorpore, plus malignes encore. Je pense à tous ceux qui ont trouvé la mort ces derniers jours au siège de Charlie hebdo, à Montrouge, Porte de Vincennes, à Dammartin-en-Goël, et aussi aux 149 personnes (dont 133 écoliers) exécutées à Peshawar, Pakistan, il y a moins d’un mois.
Si vous regardez bien, en bas à droite de la photo, on voit un bout de mon bureau, ce qui n’était pas voulu au départ, signe qu’il s’agit de continuer, continuer à écrire et aussi à créer les conditions pour que d’autres puissent écrire, pour moi cela passe par les ateliers d’écriture que je mène régulièrement en banlieue, en centre ville et en campagne. Continuons.
"La littérature est un bond hors du rang des meurtriers" Kafka.
Lire à ce propos ce magnifique texte de leslie Kaplan, écrit en 2012, que je découvre aujourd’hui et qui me semble tout à fait à propos.
samedi 10 janvier 2015, par