Non, ce n’est pas une catégorie particulière de la littérature. Juste, c’est le rouage d’où se transmet la langue. Encore plus qu’elle s’enseigne, c’est d’un partage qu’il est question : parce qu’ici, dans ces communautés qui rassemblées forment la ville, notre ville, se joue aussi la reconduction de la communauté tout entière.
Pourquoi on a une telle fascination à mener des ateliers d’écriture dans les lycées et autres établissements ? On a une vue sur monde dans son lieu le plus stratégique, là où s’offre d’une génération à l’autre la conduite à venir du monde. Et qu’il n’y a pas un seul équilibre, le don, la justice, la violence, la beauté, et ce qui résonne de la famille, des voyages et exils, de l’appel à l’autre, que la communauté éducative ne pousse pas à sa braise.
Non, aucun opportunisme à mettre en ligne ce texte : Juliette Mézenc enseigne et écrit, écrit et enseigne, ça ne se décide pas comme ça un beau matin, sous prétexte que continuellement ces questions touchant à l’école trouent la surface de notre société.
On ne parle pas ici d’un ailleurs. On a en permanence à mener cette tâche parce que c’est de nous qu’il est question, dans le regard et la parole de l’autre, et des rêves à sauver.
Voilà onze chapitres, onze portraits, qu’inaugure chaque fois un décalage dans la langue, là où l’équilibre de la langue s’articule avec l’équilibre du monde, ou bien qu’ils basculent ensemble dans le contraire.
Juliette Mézenc tient un blog : origami, et elle enseigne à Sète. Les rives de la Méditerranée sont une circulation accrue, porteuse de mythes.
C’est un texte d’intervention. Mais qui intervient par la plus simple et la plus exigeante, la plus déséquilibrante des questions : qui est l’autre ? Et que c’est le meilleur chemin, là, où on vit et travaille, mais parce que c’est double expérience de langue, celle qu’on mène vers soi, celle où on mène les autres, pour que ce soit aussi la littérature qu’on interroge.
François Bon
Pendant plusieurs mois, j’ai rencontré des élèves de mon lycée en dehors du lycée, ils m’ont parlé de leur vie, leurs frères, leurs amis, leurs envies et j’ai noté à la hâte. Ces notes ont été le point de départ de textes où leurs voix se sont peu à peu mêlées à la mienne, c’est-à-dire à tout ce qu’elles ont fait surgir / ressurgir : souvenirs, rêves, bribes d’histoires, réflexions... Je me suis interdit une chose, une seule : le jugement sur ce qu’ils m’ont confié. Autre détail d’importance : tous les prénoms ont été changés.
Juliette Mézenc
Voir en ligne : Sujets Sensibles
vendredi 26 novembre 2010, par