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"L’angoisse de penser" Evelyne Grossman

(notes de lecture)

Au sein des écritures modernes l’angoisse nommerait ce qui surgit au plus près de la pensée, la voie étroite ("angoisse" du latin angustia, resserrement, de angustus, étroit, d’où "défilé, passage étroit") sans cesse à franchir

(raison pour laquelle j’ai situé les chambres d’écrivains sous-terre, dans Elles en chambre, avec nécessité pour le guide, et le groupe à sa suite, de se faufiler dans des défilés ?)

L’angoisse dont il s’agit ici n’a pas la familiarité de nos peurs intimes, aussi violentes soient-elles ; elle désigne cette cruelle expérience d’écriture et de pensée qui ne relève d’aucune thérapeutique ou pharmacopée

(ces paroles de la psy à la fin (?) de l’analyse, quelque chose comme "continuez à écrire, là je ne peux plus rien pour vous, ces angoisses dont vous me parlez maintenant, c’est autre chose, elles nous concernent tous" ; je rajoute : elles nous sont communes et rien ne pourrait les guérir ; je rajoute : écrire pour faire/vivre avec)(certaines de mes peurs plus intimes, plus personnelles ont été "guéries" par l’analyse et cette guérison a permis l’écriture dont le flux était comme bloqué au dedans (pause). Dans Poreuse, le trajet de Guillaume à l’intérieur de son propre corps, cherchant une issue, témoigne peut-être de cet effort pour sortir de soi, toujours réactivé dans l’acte d’écrire)

la sortie de soi - l’extase au sens étymologique

(tiens...)

(et je me rends compte en cherchant dans Mot Maquis un extrait de Poreuse, pour montrer un petit quelque chose du parcours de Guillaume, que j’ai déjà parlé de tout ça ici)(non, écrire n’est pas être condamné à se répéter, c’est justement tenter de tracer, et donc de sortir du ressassement)

Ce qu’ils nous invitent à penser (je rajoute : les artaud, beckett, derrida...) c’est au final une posture identitaire (ou désidentitaire) singulière, consistant à sortir de soi, à n’être ni comme tout le monde ni comme personne mais - plus radicalement - à n’être personne. Ce qu’ils inventent c’est un étrange sujet non personnel où se dissipe l’angoisse d’être - soulagement, apaisement, joie infinie parfois : je suis une particule insérée dans un ensemble instable,

(oui)
(je pense aussi à la mécanique quantique, joies et merveilles - quand je comprends !)

ou bien je suis cette multitude de voix qui parlent en moi, ou encore je suis ce qui ne renvoie pas au retour sur soi, ce "moi-même" stabilisé de l’affirmation identitaire. Alors enfin, j’écris, je pense, -hors de moi.

(multitude des voix, "je" me reconnais bien là)

(retour de la piscine, pensées en forme de crawl : qu’est-ce que tu vas les bassiner avec ce post hashtag déjà-été-dit-mille-fois-ressassé-mille-fois, souvent ce que je me dis en lisant des considérations d’écrivains sur l’écriture et en même temps j’aime ça, lire les journaux d’écriture sur le net ou ailleurs, j’en ai besoin)(peut-être parce que c’est toujours les mêmes propos mais déclinés , et là je pense à la différence que fait Gertrude Stein entre répétition et insistance)

(donc à ce stade je me dis : est-ce bien nécessaire, cet article ? send ou pas send ?)

(et puis je pense à ma dernière lecture de La fiancée de Makhno de Liliane Giraudon, un texte grand-vivant, comme on en fait peu, c’était une seconde lecture mais il y en aura d’autres, et j’ai repensé plus précisément aux parcours de Laïka et du Siamois, à leurs échappées, et la façon dont Laïka fuit bel et bien sur cette ligne de fuite qui se transforme en ligne de mort avec la rencontre de Palenka "Il hurle maintenant mais sa voix se déchire et c’est un tissu de trous qui vocalise dans l’air"... Et comment le Siamois, lui, semble avoir trouvé une voie, précaire, mais une voie : "Moi, j’ai choisi le camp des ombres. C’est l’ombre qui révèle la couleur, laisse entrevoir la mort déployée dans la vie. La mort en mouvement dans la vie." Le siamois a choisi d’écrire, c’est en tout cas ce qui m’est venu à l’esprit)

(Alors il faut continuer, malgré tout)

Lire est une joie

(oui)

Merci à Cécile Viguier

jeudi 21 novembre 2013

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ISSN 2428-6117
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