15 juin
Trouble dans les rangs. Les hommes se terrent en attendant.
Impossible pour eux de rien voir à plus d’un mètre. Parfois des ombres. Pas plus. Léopold et les autres, eux, ils progressent, prudemment, un mur que tu voyages avec toi, ils continuent à avancer, pas de bagages à déclarer, pas de bagages non, pas de déclaration non plus, juste un mur qui se déplace avec toi, toujours à 1 mètre de ta poitrine, un mur devant soi, un mur que l’air chasse devant toi dans le mouvement de ta marche, dans le rythme de ta marche, un mur dans ta vie, dans ta vue, dans ta face, vlan, prends ça, un mur poussé en toi, un mur dans tes artères, le sang pourrit flic floc il fait contre le mur trois petits tours et puis pourri, un mur dans ta rate
rhaaa
rate rate rate rase
rase les murs mon gars, les murs vus du ciel, la muraille de Chine, le mur de sécurité en Palestine, la tortilla border du Mexique, la ligne verte de Chypre, la valla de Ceuta, les peaceslines de Belfast, le mur des deux Corées, voyage en 90 murs, des murs poussés, partout sur la terre, des fois il faut pousser plus fort, l’air se comprime entre le mur et la cage thoracique, qui s’enfonce, ça fait un mal de chien, et toi tu sais, non je ne veux pas, tu sais mais tu ne veux pas savoir, tu ne veux pas savoir où, tu ne veux pas savoir quand il va arrêter le mur son putain de voyage, un mur dans tes oreilles, murmurmurmurmurmur PLUS HAUT, PLUS HAUT j’te dis, un mur contre ta langue, faut le faire sauter bordel fais le sauter ce pu-tain-de-mur, PLUS HAUT, fais sauter le murmurmurmurmurmrurmrurmurmurmurmurmurmurmurmurmurmur sur les genoux d’un vieux qui rit aux éclats, fais sauter le mur le mur le mur le murmur plus haut encore plus haut, qu’il éclate en plein vol PAF dans toutes les oreilles PFFFFFFFFFFFFFF
un mur devant toi et toi comme un con tu voudras continuer, je ne veux pas savoir, tu ne veux pas savoir quand, tu ne veux pas savoir quand il va s’arrêter, tu ne veux pas savoir quand tu vas t’écraser, contre.
On ne sait jamais
vendredi 26 novembre 2010, par