je travaille pour Elles en chambre, seconde chambre, lecture et immersion, attention flottante avec crayon pap qui s’active, passe de mes lèvres au livre (système grossier de croix, de soulignement à traits plus ou moins vigoureux, simples ou doubles) et puis disparaît dans les plis des draps (plusieurs fois par jour aller à la pêche au crayon à papier)
12h par jour de ce travail délicieux et angoissant, s’abîmer dans l’écriture du journal de l’autre qui dit beaucoup de mes propres doutes, questionnements, ambitions et bêtises, exaltations et failles
attendre
que ça se produise, deux ou trois éléments qui s’agglomèrent, se cristallisent et c’est parti
l’écriture s’organise en îlots qui croissent puis peu à peu (si tout va bien mais comment savoir que tout ira bien), se rassemblent en archipel, ça s’appelle un texte, pourtant le processus n’est pas toujours le même loin s’en faut, mais pour ce type de travail oui, parce que des notes en amont et forcément quelques idées qui émergent, décousues au départ (là où "parce que nous sommes devenus un peuple de mâcheurs" est sorti d’une traite ou presque, pas de recherches nécessaires en amont)
12 heures par jour buvant du café, de la tisane au gingembre, mangeant des zézettes de Sète (mais pas que)
travail d’écriture qui ne rapporte rien ou presque mais le faire pour la chose en soi, et aussi la reconnaissance d’amis et d’amis-écrivains, et quelques autres aussi, les rencontres et les échanges que mes textes génèrent, ça me suffit pour continuer (et les copines qui me donnent chaussures et pantalons)(et les ateliers d’écriture qui m’assurent le minimum pour l’instant, merci)
mardi 6 mars 2012, par