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des nouvelles aux lycées Joliot-Curie

je mets ci-dessous en ligne la nouvelle de Sofia Cherbi qui a remporté le second prix du concours de nouvelles organisé par une équipe d’enseignants des lycées Joliot-Curie à Sète. Vous trouverez également le texte de Boris Viera sur le blog du CDI.
Je suis heureuse d’avoir pu guider les élèves d’Ariane Costes et Ghislaine Delais dans l’écriture de ces nouvelles. Merci à toute l’équipe pour la confiance accordée.


LA BLONDE

La jeune fille, aux grands yeux bleus ressemblant à l’eau des tropiques, à l’allure de mannequin et aux cheveux si blonds et si brillants qu’on pensait marcher à côté d’un rayon de soleil, déambulait dans les rues de Paris.
Elle portait un joli sac de couleur blanche de chez Sonia Rikyel qui semblait bien rempli.
Après quelques pas de mannequin et roulements de fesses, la demoiselle s’assit au sol de manière brutale après avoir raté la marche du trottoir sur lequel je me trouvais. Son bijou de chez Sonia Rikyel s’ouvrit et laissa apparaître la totalité de son contenu.
Je restai bouche bée face aux trésors qu’une femme pouvait cacher dans une si petite mallette telle une grosse boîte noire qui cachait une perruque rousse et des lunettes de soleil façon Paris Hilton.
Comme le cher dicton le dit, les apparences sont trompeuses. Derrière cette allure de Paris Hilton, se trouvait probablement une fan de lecture ; le journal « Le Monde diplomatique », un livre de Burozoïque et une lampe de lecture en disait long sur la personnalité de notre pin- up.
Après avoir ramassé la quasi-totalité de ses affaires, la jeune femme se releva élégamment et reprit sa promenade d’un pas décidé. Remarquant qu’elle avait oublié son rouge à lèvres et son shampooing brillance, je courus la rattraper pour lui restituer ce qui lui appartenait.
Souriante, elle reprit son shampooing tout en me caressant la main, et là, comment vous expliquer la sensation ressentie ? Je n’en ai pas la moindre idée !
Ce que je sais, c’est que je ne pus parler et que la restitution de son rouge à lèvres, qu’elle n’avait pas vu car je le serrais dans l’autre main, était impossible.
Je ne pouvais pas en rester là. J’eus alors une idée semblable à celle que l’on trouve dans les séries télé.
Mon idée était de suivre cette intriguante jeune femme, afin de comprendre pourquoi mon cœur s’était tant emballé face à cette rencontre.
Une fois qu’elle eut tourné au coin de la rue, je commençai ma poursuite. Après une centaine de mètres, la bimbo s’arrêta dans un endroit sinistre, rempli de rats d’égout et d’une telle puanteur que je songeai presque a faire demi-tour, mais la raison me revint et je continuai mon « enquête ». Je ne l’avais pas vu entrer ni sortir, j’attendis donc cinq minutes environ, quand soudain une femme de taille similaire à la sienne, au regard aussi troublant, rousse, portant des lunettes de soleil noires sortit de ce hall, étrange sachant qu’une blonde était rentrée précédemment.
J’hésitai 5 minutes, la suivre ou attendre qu’une seconde bimbo mais blonde cette fois-ci sorte de ce hall tant sinistre. D’ailleurs, il me rappelait une des scènes terrifiantes du film Chuky. Puis la raison me revint pour la deuxième fois dans la journée et je compris en la regardant s’arrêter et chercher quelque chose dans son sac, qu’elle était la propriétaire du rouge à lèvres que je serrais toujours aussi fort. Serai-je en train d’espionner une espionne ? Je restai devant le hall, ne sachant plus quoi faire et hésitant à continuer ma filature, de peur qu’elle ne se doute de quelque chose.
Cette puanteur nous attirait dans ce lieu sinistre et l’on imaginait les pires horreurs qui pourraient arriver à une jeune fille de cette beauté, mais elle y était entrée avec tant d’aisance !
Intrigué par cette façade rugueuse et tellement sale, je ne pus m’empêcher d’y entrer et d’y jeter un coup d’œil afin d’éclaircir ce coin si sombre.
A mon entrée, je vis 3 pièces : une à ma gauche, une à ma droite et une en face de moi.
Dans la pièce de droite, se trouvait un punching-ball maintenu au plafond, et une chaise au sol. Dans la seconde pièce, celle de gauche, se trouvait aussi un punching-ball et une chaise au sol mais cette fois-ci, la chaise était dirigée dans le sens inverse de la première.
Enfin, dans la 3ème et dernière pièce, je fus horrifié en voyant un poster énorme en noir et blanc : c’était une photo représentant à l’identique ce que je voyais à ce moment mais avec deux silhouettes affalées sur les chaises au sol.
Pris de peur, je sortis en courant et allai retrouver ma cible qui était là où je l’avais laissée.
Avait-elle une autre raison de rentrer dans ce lieu ? Pourquoi est-elle entrée dans ce hall avec tant d’assurance ? Pourquoi s’est-elle changée ?
Toutes ces questions me faisaient tourner en bourrique, à en avoir mal au crâne. Je sortis précipitamment, mon souffle si rapide attira l’attention de la mystérieuse ; elle me jeta un regard surpris, ce qui me fit changer de trajectoire immédiatement. Epuisé, je rentrai chez moi.
Deux jours passèrent et je restai sans nouvelle de ma bien aimée. Agacé, je repartis à sa conquête, et allai retrouver le hall de la terreur comme je l’avais surnommé. Une fois la bonne route trouvée, les feux respectés, les virages pris, j’arrivai au point voulu. Hésitant, mais plein de bonne volonté, je pris mes jambes à mon cou et entrai dans la pièce à petits pas.
Et là, je n’ai même pas à vous dire vous le savez !
Elle était là, accroupie, fouillant dans son Rikyel toujours aussi blanc. Elle parlait seule, elle chuchotait plutôt. Ayant supposé qu’elle cherchait toujours son rouge à lèvres je m’approchai et lui tendit en chuchotant : « C’est cela que vous cherchez ? »
La belle éleva son regard lentement, et me répondit : « Qu’est-ce donc ça ? Ce n’est pas à moi, et que fais-tu ici Cyril ? »
Je repris mon souffle, la regardai fixement, et avant que je ne puisse commencer ma phrase que je n’allais sans doute pas finir elle reprit :
« Oui Cyril, c’est bien ça non ? Tu as 32 ans, tu es divorcé, tu as eu une petite fille, Cléa, avec ton ex femme Mathilde, qui est âgée de 30 ans et qui habite à Lyon depuis 6 ans... »
Je restai bouche bée face à la narration de ma vie faite par une pure inconnue. Et elle continua, continua, sans s’arrêter, quant à moi je la regardai fixement jusqu’à ce que ses paroles se déforment en langage quasi martien. Un vrai film ! Puis au bout de 20min de paroles non stop elle s’arrêta, me lança un grand sourire et repartit d’un pas décidé, comme si de rien n’était. Je ne pus lâcher ce mannequin du regard. La jeune femme releva sa belle chevelure blonde et là je vis comme un tatouage en relief sur son cou. Celui-ci ressemblait à une spirale sombre. Pire qu’étrange !
A ce moment là je compris que cette femme n’était plus la belle innocente que j’avais rencontré, elle cachait quelque chose. Mais quoi ?
Après des jours et des jours de recherche je trouvai enfin un indice précieux ; la signification de cette saleté de symbole qui était dessiné sur le cou de mon espionne.
Il était écrit exactement sur Wikipédia : « Spirale de la mort qui tue : Ce signe créé par des moines en 1450 est un symbole que seul les espions et tueurs avaient le droit de porter. Cette spirale est reprise en 1720 par une secte et en 1930 par une entreprise de robot »
Ma belle blonde est-elle un moine ? Fait-elle partie d’une secte ? Est-elle un robot ?
Je retournais souvent devant ce foutu hall, même tous les jours pendant un mois et demi, et rien ! Jamais personne, pas un chat. Je me disais donc que cette enquête était sur le point de s’achever et je cessais toutes recherches.
Un soir, j’entendis une voix, semblable à celle d’une femme que je connaissais, qui me disait de la suivre. Inconsciemment je fis ce qu’elle me dit et la suivis pendant environ 10min. J’atterris dans une pièce complètement sombre avec une odeur qui m’était familière. Pris de panique je commençai à gigoter dans tous les sens quand une main glissa le long de mon épaule, la voix me chuchota dans les oreilles, puis je sentis comme de l’air tout autour de moi et tout s’accéléra jusqu’au moment où plus rien, plus un courant d’air, plus un bruit, rien ! La lumière s’alluma, et là, je vis ma dulcinée, elle n’avait pas l’air naturel ce qui m’inquiéta d’autant plus. Elle commença à me parler : « Qu’est-ce donc ça ? Ce n’est pas à moi, et que fais-tu ici Cyril ? Oui Cyril, c’est bien ça non ? Tu as 32 ans, tu es divorcé, tu as eu une petite fille, Cléa, avec ton ex femme Mathilde, qui est âgée de 30 ans et qui habite à Lyon depuis 6 ans… » Et elle reprit le même discours que la dernière fois.
_ Après m’avoir endormi avec son blabla, elle brandit un couteau sans plus rien dire, et tenta de me poignarder à chacune de mes respirations. Pris de panique j’essayai de trouver le moindre objet pour me débattre, quand soudain je vis un seau d’eau. Je le pris, lui lançai à la tête et là, un fou rire qui n’avait pas lieu d’être me prit quand je vis que la blonde était en train de se « désélectrisé ». Elle gesticulait de droite à gauche, ses bras étaient en fumée, idem pour ses pieds. Mais le plus drôle c’était sa belle chevelure de bimbo qui prenait feu.
Sa dernière phrase était digne d’un grand film fantastique : « Cyril, m’a eu ! Bye Bye »
C’est drôle non ? Mais à votre avis, de quoi ai-je eu l’air quand je me suis réveillé en sursaut ?
Eh oui, toutes ces sensations étaient seulement les péripéties d’un rêve ou plutôt un cauchemar étrange. Ma conscience me dit d’arrêter toutes ces filatures, ces angoisses irraisonnables et je l’écoutai.

lundi 23 mai 2011, par Juliette Mézenc

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