"Je me suis assise par terre pour ne pas l’effrayer. Je n’ai plus bougé.
J’étais seule avec elle dans toute l’étendue de la maison. je n’avais jamais pensé aux mouches jusque-là, sauf sans doute pour les maudire. Comme vous. J’ai été élevée comme vous dans l’horreur de cette calamité du monde entier, celle qui amenait la peste et le choléra.
Je me suis approchée pour la regarder mourir."
"Mais qu’une mouche meure, on ne dit rien, on ne consigne pas, rien.
Maintenant c’est écrit." Ecrire de Marguerite Duras
On va dire que c’est ma pente, cette mouche qui agonise. On va dire que je suis ma pente. Que j’écris cette mouche qui agonise, que je la décline. Dans Poreuse, je ne les compte plus (et elles se débattent beaucoup). Dans le Journal du brise-lames, j’ai l’impression qu’elles dansent plus qu’elles ne se débattent. On va dire que je suis ma pente mais que je fais des bonds aussi, que je dérive, que je remonte au près, que je fuis ma pente, que je m’ingénie (et c’est presque devenu un amusement) à trouver le déport au bon moment. Pas envie d’y rester.
Ce déport pour moi c’est la voix des autres, dans la rue, les cafés, lors de rencontres plus ou moins programmées (dans Le Journal du Brise-lames comme dans Sujets Sensibles, il y aura des bribes d’entretiens), c’est aussi le travail avec les plasticiens, les registres qui ne me sont pas "naturels" ou les formes qui ne me viennent pas spontanément. Le boulot quoi.
vendredi 22 avril 2011, par