photo : martine bousquet
très franchement un atelier "cuisine et littérature", si on m’avait soumis l’idée, pas sûr qu’elle m’aurait plu. Mais voilà comment les choses se sont passées : l’été dernier, au retour d’Algérie, visage rayonnant de Johara qui me dit "je viens à ton atelier". Quelque temps plus tard, les doutes et cet "aveu" : "je ne lis que les livres de cuisine mais alors là ! je peux y passer des heures !". Et la proposition est enclenchée : j’ai connu Johara par les couscous (et pastillas, j’en rêve encore) qu’elle vendait sur le marché, je lui soumets donc l’idée de faire un atelier au cours duquel les participants alterneront cuisine et écriture. Nelly propose de prendre en charge le dessert : un tiramisu.
Le texte de départ sera "La seiche" de Maryline Desbiolles.
Cette expérience (outre le plaisir pris à brasser langage et graine de couscous) m’a donné à penser le corps-écriture, elle sera donc le point de départ d’un article que j’intégrerai au mémoire sur lequel je bosse actuellement.
photo : cécile de bournet
Un grand merci à Johara et Nelly ainsi qu’à ceux qui m’ont confié leurs textes ou photos (les autres peuvent encore me les envoyer, je peux facilement les rajouter).
photo martine bousquet
Mille feuilles de mots, et tranches de vies (titre provisoire, à débattre)
Le robot, c’est très mauvais…
Hein qu’elle sait faire, hein ?
Quand je le hache comme ça, je…..
Elle est belle cette table hein ? On l’a trouvée chez Emmaüs…
La cannelle, elle est là…
Tu mets de la cannelle ?
Ah oui !
Comment ?
Oui, un p’tit peu…
ça va ?
Tu sais, ça me rappelle quand Basile est né, à la maternité……
C’était ton premier ?
Oui…
et elle riait….
Bon, je peux touiller ?
C’est agréable, hein ?
Tiens !
Qu’est ce que tu mets comme épices là-dedans ?
Ça, c’est un peu de poivre blanc, et du piment doux.
J’adore cette expression « du piment doux » !
C’est bizarre !
Amour, toujours…
Le poivre, comment on appelle ça ?
La poudre à escalader la vieille !
C’est aphrodisiaque.
Ah !
Ça pourrait être dans un San Antonio ça !
Voilà, c’est bien touillé !
Je crois.
Aziza, tu bois du vin !...
avec un peu de semoule…
et tu sales quand, normalement, Johara ?
Et de l’eau, tu mets toujours de l’eau froide ?
Et ça, c’est de la semoule fine…
Tu peux goûter John ! C’est de l’oignon avec du raisin sec….. et du miel…
Miel, miel, miel, miel…..
ça peut être bon tu vois !
C’est bon le jus de poulet !
On va mettre les légumes.
T’as rajouté un peu d’eau non ?
Ben oui !
Est ce que t’as épluché ?
Oui, c’est rincé…
Juste carottes et navets….
Combien de temps tu vas les faire cuire ?
Et ensuite ?
Y’en a trois kilos.
Non !
Ça y est, tu y es.
Martine
photo : cécile de bournet
Elle remue la graine avec ses mains,
Ses mains pénètrent le volume chaud et odorant
Ses mains rosines de chaleur
La graine est jaune curcuma.
Frottements répétés comme une crème de beauté que l’on étale
Elle roule paume contre paume la graine fine
Elle répartit l’humidité, volume équitable, entre chaque grain respectif
La confiance du geste est évidente.
Le visage rosine, penche, se pose, supporte le souci de bien faire
C’est chaud, ça roule : "...ça me rappelle Basile lorsque je le lavais à la clinique....je faisais ça tendrement....les autres femmes étaient brusques"
La graine prend toute la place, s’étale au fur et à mesure qu’elle gonfle et finit par mériter toute l’attention et la tendresse de celle qui la pénètre.
Elle remue, elle pastiche, elle incorpore le poids et pas chichement du tout
L’odeur est douce, cannelle, beurre, pastiche le poids chiche....
Elle souffre, gémit, jouit en même temps qu’elle masse chaudement
Deux monticules se forment en poire, des mamelles déformables, parsemés de grains de poivre noir
Mamelons nourriciers qui lui rappelle toute l’attention de la mère qu’elle est.
L’amour se fabrique alors à la main, à la force du poignet, avec la volonté du cœur
Un soir, chez Johara
Pour réussir une soirée
Cuisine et littérature
Prenez Murielle et
Les gens de l’atelier d’écriture
Donnez leur rendez-vous
Chez Johara…
Des courgettes, des oignons, des navets longs et puis des ronds, de la semoule moyenne et de la fine…
Fine, la semoule glisse entre nos doigts, elle a été achetée chez l’épicier du village,
Fine, fine et légère, il faut la mouiller un peu, la saler, quelques gouttes d’huile d’olive, comme le faisait le père de Jean, et la mettre à passer à la vapeur.
Ca sent bon, comme chez Johara, chez qui, déjà, le vin frais et rosé coule dans nos verres.
Ca sent bon aussi dans notre petite cuisine de ce village de Kabylie. Jean est le maitre de cérémonie ; il attrape le couscoussier et d’un coup sec du poignet, il le retourne au-dessus d’un grand plat. Au lieu d’une semoule fine et légère, dorée, odorante et parfumée, c’est un pâté qu’il démoule.
Johara a renversé la semoule, elle tombe en neige légère et jaune, Murielle la laisse filer entre ses doigts. Elle a l’air d’y prendre du plaisir et Johara parait satisfaite.
Dans notre cuisine de Kabylie, Jean est déçu. Il a pourtant répété les gestes de son père ! Il ne comprend pas… Alors, il va chez l’épicier et lui explique que le couscous est raté.
« Mon fils, je t’ai vendu de la semoule fine, comme tu m’as demandé, mais c’est vrai, ta femme ne sait pas rouler le couscous comme font les femmes d’ici ! Je ferai venir de la semoule déjà roulée, spécialement pour vous, depuis Tizi Ouzou »
Amour toujours
Amour d’un jour
Ainsi roulent le couscous
Et les pois-chiches
Laurence
Je rajoute ici le texte de Solal, produit à l’atelier suivant (où il a été question de recette et d’art poétique.
Pour faire un bon groupe de rock, mettez dans votre casserole un chanteur à la voix satanique, un guitariste aux doigts angéliques, un batteur hargneux et un bassiste fougueux. Faites cuire tout ça aux grandes flammes de l’enfer. Assaisonnez le tout avec un riff machiavélique. Faites mijoter 3 heures avec des vêtements démonistes.
ATTENTION ! Ne faites pas l’erreur d’assaisonner le tout avec un ukulélé. Maintenant, vous pouvez faire la tournée du pays, avec votre recette exotique.
photo : martine bousquet
ainsi que le texte de Clément :
La recette d’un lieu sympa.
Prenez une pièce, de veau-tre initiative, prenez un lieu, au coeur tendre d’une ville saignante, saignante d’inspiration pour le jeune qui saura savourer.
Saisissez quelques-uns de ceux-ci (de jeunes hein !), repêchés dans une zone fluviale importante, et placez les délicatement dans le lieu sélectionné ci dessus.
Versez une sauce hormonale et disposez quelques fruits nourrissants pour ces individus. Les poussant à penser... à créer, à s’poser... à crier, à danser, et finalement fêter ce lieu nouvellement préparé.
Clément
et enfin je rajoute la recette du couscous ! Merci à Cécile pour les notes et à Johara pour la relecture attentive :)
SEMOULE COUSCOU JOHARA
Prendre du couscous grains moyens – pour 1 kg
mettre dans un plat, ajouter un filet d’huile d’olive, mélanger les grains, les frotter
arroser d’un verre d’eau, puis tourner
mettre la semoule dans le couscoussier à trous
faire cuire environ ½ heure
enlever le récipient à trous du haut, verser 2 verres d’eau froide par paquet de couscous 1kg)
saler, remettre de l’eau si besoin (toujours de l’eau froide)
remettre à cuire la semoule une seconde fois sur le couscoussier (20 mn)
à la fin de la cuisson, mettre dans un plat (rajouter de l’eau froide si besoin)
mettre un morceau de beurre (ou huile d’olive) dégrainer la semoule
à cette semoule on peut rajouter des fèves, des petits pois.
GATEAU
3 mesures de semoule
1 mesure de beurre fondu – 1 pincée de sel – mélanger
préparer la pate de datte (la pétrir)
farcir le mélange de semoule et de beurre avec la pate de datte
cuire à la poêle 180 ° 5 minutes
THE VERT
(Acheter chez les Arabes)
mettre 3 cuillères et un peu d’eau puis rincer, jeter l’eau, à faire 2 fois
la 3ème fois : ajouter une poignée de feuilles de menthe (écraser les feuilles pour faire sortir l’arôme)
rajouter le sucre 8 à 10 carrés plus l’eau bouillante
laisser infuser
CONFITURE D’OIGNONS
prendre des oignons pas chers. Les éplucher et couper très fins (ou mettre dans le robot Magimix). Les mettre dans la poêle avec de l’huile d’olive
une fois cuits et caramélisés, saler, ajouter de la cannelle en poudre : 1 cuillère à café et mélanger
ajouter du sucre ou du miel liquide 3 cuillères à soupe tourner
ajouter des raisons secs (trempés ½ h)
LEGUMES
carottes, courgettes, navets ronds et longs (pas de poireaux ni choux fleurs)
couper les courgettes en 2 et les ouvrir ; les navets ronds en 4
DANS LE JUS DU POULET OU DE VIANDE
Mettre les légumes rincés ajouter de l’eau, et du sel
1 – carottes navets
2 – à la fin les courgettes
mettre de ‘eau presque jusqu’en haut de la casserole
mettre le couvercle, cuire environ 25 minutes
mettre les pois chiches, une boite de 500 g
ajouter les courgettes à la fin, elles cuisent très vite
POULET
FERMIER LABEL ROUGE
mettre le poulet 1 h avant dans de l’eau avec du gros sel afin que la chair soit bonne
le frotter au gros sel + 1 citron coupé en 2
couper le poulet en morceaux
le mettre dans la cocotte, arroser d’huile d’olive (pas beaucoup) + gingembre 1 cuill à café, du safran en poudre 1 stick, poivre, curcuma 2 cuill à café
touiller énergiquement pour enrober le poulet
rajouter ¾ oignons (plus on en met meilleur c’est) coupés en lamelles
mettre sur le feu sans couvercle au début
faire revenir
rajouter de l’eau (2 verres)
couvrir
cuire ½ h ou ¾ d’h,
BOULETTES KEFTA
viande hachée 1 kg (place Delille boucherie TB)
1 gros oignon haché
persil plat 1 botte
coriandre 1 botte
feuilles de menthe qques feuilles pour donner du parfum
ces herbes sont à hacher au couteau
cannelle en poudre 1 cuill à café
sel, poivre
piment doux 1 cuill à café pour donner de la couleur
faire les boulettes
les faire cuire dans un peu de jus des légumes (pour ne pas mettre d’huile) dans une poêle.
jeudi 31 mars 2011, par
Messages
1er avril 2011, 12:25, par Pierre Ménard
Cela me rappelle les ateliers que j’animais à la médiathèque de l’Astrolabe à Melun, avec les Centres Sociaux et les femmes en alphabétisation. En 2008, on avait ainsi mis en place des ateliers découverte à la Médiathèque de l’Astrolabe, dont voici un très court extrait vidéo.
1er avril 2011, 15:47, par Juliette Mézenc
merci pierre, j’y vais de ce pas ! je t’enverrai sous peu un court questionnaire sur la "proposition d’écriture" (sujet de mon mémoire), je vais devoir faire appel à l’expérience de plus aguerris que moi... autre chose : je crois que j’ai laissé passer la date pour d’Ici là, non ?
7 novembre 2012, 10:55, par Sylvain Appia-Ayme
Coucou Juliette
Tu Viens faire la cuisine quand tu veux à Lunel !
Joli atelier en tout cas.
Sylvain
9 novembre 2012, 03:34, par Juliette Mézenc
merci Sylvain pour ton passage ici... et on vient quand tu veux avec Johara, on fait la paire ! En attendant, on se voit samedi http://mediatheque.paysdelunel.fr/page/la-caravane-des-10-mots-au-pays-de-lunel, hâte de vous retrouver.