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utopies et jardinage

nous avons travaillé sur les figures de l’utopie et du jardin. Plusieurs textes ont été convoqués, L’utopie de Thomas More mais aussi L’affaire furtif de Sylvain Prudhomme. Et puis nous avons regardé des jardins, en particulier celui que Rémi Duthoit et Eric Barbier avaient conçu pour les jardins de Chaumont en 2002, année érotique. Un grand merci à Rémi pour les photos. Si vous voulez en savoir plus sur son travail, c’est ici.

Et pour ceux que la collection Le répertoire des îles (éditions Burozoïque) intrigue, c’est ici.

D’autres textes sont en cours de réécriture. Je les attends sans impatience.
L’atelier est bien entendu ouvert aux lecteurs de ce site.


Une sphère jardinière hors du temps. Intemporelle.
On ne compte plus en secondes, en minutes ou en heures mais en saisons et en envies. On ne cherche plus une productivité effrénée ; le temps n’est plus de l’argent mais du plaisir, du bon vouloir.
Prendre une sieste de 15 minutes sur la canopée dense et douce des arbres fruitiers, après un effort physique, est une activité commune chez les participants. Jusqu’à 3 siestes par individu entre l’aube et le crépuscule.

L’espace y est destructuré, insaisissable, incompréhensible, bordélique, reposant, apaisant ; un laisser aller pour l’homme qui y rentre. L’organisation des choses, de l’espace, du temps commun à la ville, au monde de la consommation, n’a pas lieu ici. Le bordel est de goût, ça pousse de partout, au sol, sous terre, dans des trous, sur des étagères, sur des troncs, sur des tas d’ordures, dans des tiroirs, dans des paniers suspendus... Fruits, légumes, champignons, algues, lichens, mousses, fougères, buissons : tout pousse, que ce soit involontaire ou volontaire, par la main de l’homme. Des petits chemins sinueux, boueux, herbeux, ensoleillés, bancals, traversent ce bordel agroforestre/agroforeste, qui lient les portes de ce monde au centre où se situent l’atelier de fabrication et de restauration du matériel, le comptoir de distribution des semences ainsi que la petite cantine végétarienne...

Les hommes, les femmes et les enfants vont et viennent dans cette sphère sociale unique et résistante.
Ainsi, dans chaque ville, partout dans le monde occidental, naissent ces sphères détachées du système. Elles sont ces portes vers un autre monde, elles sont cet espoir dans lequel chaque citoyen s’engouffre pour au fil du temps abandonner cette société de consommation initiée par la politique liberalo-capitaliste.
Les humains, viennent et oublient le monde extérieur. Ils font pousser ensemble, au fil des saisons, des légumes, des fruits, des plantes médicinales, qui répondent aux attentes des participants. Ils pratiquent une agriculture ancestrale et douce, mêlant les arbres aux rangées de légumes ; les produits suspendus aux produits de la terre. Cette agroforesterie est synonyme d’une terre aérée par la présence de racine, et riche par l’utilisation de compost. Cette politique arboricole, cette politique jardinière entraîne une production riche en diversité où l’utilisation d’engrais, d’OGM, et de pesticides devient obsolète et inutile.
Au fil des années, la réussite du projet jardinutopia entraîna paisiblement un détachement entier de la société et du système passé.

Clément Ramon


Tout d’abord le mouvement, le vent rendant le jardin vivant, les feuilles et les fleurs ployant et dansant en rythme, puis s’arrêtant, pour reprendre de plus belle.
Le vert des feuilles, des tiges, jamais le même vert, tantôt vert bleu, tantôt vert jaune, ou tirant vers le marron rouge. Le fouillis des couleurs vives des fleurs, s’opposant à ces verts, accentuant pour leur intensité la lumière du soleil.

Cécile de Bournet


POROSITES NOCTURNES

Blocs bétons désarmés veillent effondrement terrain vague
Friche de silence - poussent lianes d’acier sauvage
Vide cadastre cerné camions commerces honteux

Orange tremblement de la ville fait vaciller ombres errantes en ce jardin
pierres murmurent crissement trains sur rails fracas ciel rouge jaune rouge
se défaisant sous les secousses des hommes leurs avions

Echo endormi dans chair gravats et terre
Mémoire ouverte à tous vents
Il pleut sur ce désert

La pluie lave le ciel mais jamais le sol dont l’argile retient tout
Il pleut flaques rigoles rivières et ça chuinte des traverses de fer sur lichen rouille et or

Lueurs s’accrochent extremité d’une poutre échevelée
puis chutent dans béances
du chateau sans maître
Sous ponts décombres entrelacs
s’ouvrent passages tunnels et souterrains
pour s’échapper de la ville
pour s’échapper de la ville

Elise Carville


Maison, refuge, abri, cocon, accueil

Grand portail, allée centrale bordée d’arbres centenaires dispersant une ombre appréciable par ces jours de forte chaleur. Au fond de cette allée se découpe dans un ciel lumineux, une bâtisse hors du temps ; volets disloqués , lierre envahissant entremêlé de chèvrefeuille, escalier de pierres disjointes... tout semble à l’abandon et pourtant... la grande porte à deux battants est grande ouverte. Une odeur de mimosa s’en échappe. Pas d’odeur de moisi mais une qui m’invite à continuer ma visite... la pièce est immense ; les oiseaux, à ma grande surprise ont envahi l’espace ; des oiseaux, des arbres en fleurs. Très étonnée je m’avance dans ce milieu en dehors du temps... là c’est une eau bleue turquoise où se déplacent gracieusement des poissons et qui occupe toute la pièce avec une large ouverture sur un jardin très ordonné, partagé en carré de fleurs, de légumes, d’arbres fruitiers... dans un coin de verdure, un salon de repos avec boisson, lecture, fauteuil de relaxation , d’herbe fraîche et odorante... mon étonnement est sans nom. Quelle différence avec la façade abandonnée ! D’où vient ce décalage...?... l’abandon ? Je me frotte les yeux... je suis si bien dans ce relax... je comprends tout maintenant, je me suis simplement endormie chez moi, dans ma maison, mon cocon... cet abandon, ce désamour... alors qu’à l’opposé, le soin, la joliesse, la grâce, le désir de s’y installer, d’y séjourner, d’y vivre. C’est l’amour de ce lieu qui m’étonne alors qu’à l’entrée de cette bâtisse c’était plutôt l’angoisse la peur le désamour. Voilà, c’est ça. Cette maison était l’amour et le désamour, sentiment très humain, éprouvé par l’Homme suivant ses désirs ses tendances et ses propres tendances...

MLise

vendredi 11 février 2011, par Juliette Mézenc

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