nous sommes partis des fameuses fichaises de christine jeanney et des contraintes de départ qu’elle s’était donnée : un personnage en 3 paragraphes avec l’idée de pousser la première idée qui vient jusqu’au bout (l’exténuer ?).
Elle était sortie de chez elle juste pour éviter l’enfermement de son joli trois pièces.
Elle était entrée dans cette rue si familière, sur cette avenue commerçante juste pour éviter d’oublier qu’il y en avait d’autres.
Elle était si sûre de ne pouvoir vivre que pour elle, se regarder vivre seulement dans la glace, que sortir ou entrer dans une autre sphère devenait périlleux.
Elle était si persuadée que ce passage dedans-dehors n’était -que nécessaire- qu’un matin elle décida de ne plus habiter ni dedans, ni dehors, de dématérialiser cet enfermement et de se soustraire de l’oubli...
Elle se jeta à corps perdu, les yeux presque fermés, dans une foule indifférente.
Elle les toucha pour les faire exister, les serra trop fort, sentit leurs humeurs ; elle griffa pour faire couler la vie.
Ils n’ont eu le choix que de l’enfermer dans ce fameux trois pièces où ouvrir et fermer la porte, oser la franchir, ne se pose plus comme possible.
Nelly
Trois paragraphes
Elle a dit : n’oublie pas qu’il marche par trois.
Trois trous
Trois jours
Trois semaines
Trois mois
Très simple.
N’oublie pas la règle de trois
Donc.
Il est très heureux avec ses trois trous. Il s’occupe avec eux tous les matins et tous les soirs.
Il les regarde.
Quelquefois ils sont rouges.
Quelquefois marron
Quelquefois noirs.
Pendant trois jours il les regarde.
Le quatrième jour il les couvre. Les couvertures restent en position pendant trois semaines. Sans changement. La quatrième semaine il les découvre. A l’intérieur les trous sont verts. Ils dégagent une odeur douceâtre.
Pour remplir les trois trous il faut retrouver toutes les choses qu’il a perdu pendant les trois dernières semaines. Il les cherche partout. Il prend le temps pour le remplissage.
Trois mois
Presque.
John Skinner
vendredi 21 janvier 2011, par
