Très heureuse de renouer avec les Vases Communicants en accueillant un texte de Virginie Gautier dont vous pourrez retrouver ou découvrir le beau travail ici.
Voici le texte qu’elle a confié au Maquis.
Frontière, quelque chose. Une chose sur laquelle buter. Une pause.
Un mur à l’ombre duquel fabriquer les échelles.
Une mer précédée d’une jungle.
Partir, revenir : le contraire d’errer.
Des morceaux du monde rabattus jusqu’ici — remous dans les eaux de nos barques.
Annulation des distances.
Temps zéro. Piétinements. Marquages. Usure.
Où tout rappelle l’attente.
Prise de position.
Occupation des sols — l’aire d’un homme assis, de deux, puis trois.
Ayant déplacé le monde jusqu’ici. Echos d’ailleurs.
Le cœur, loin derrière.
Frontière. Relevée en herse, en rempart, en défi.
Frontière montagne. Frontière rivière ou fleuve.
Frontière démesure, des kilomètres de murs.
Frontière à l’intérieur de soi, portrait plié, l’ombre d’un mur, taillis pour camper, l’océan à traverser, tout ça.
Ayant poussé nos corps jusqu’ici.
Ayant tiré jusqu’ici ce qui venait de loin, accroché aux branches des forêts les coutils imprimés, le barda.
Des trajets de nuit pavés de tentatives.
Frontière, campement des mémoires.
Temps zéro. Ne pas se souvenir.
Négliger les bordures, les fossés. Les étendues d’eau. Laisser les replis au repos.
Frontière. Un mur, une ligne, un trait sur une carte — simplifier
Entrer, sortir : le contraire d’errer.
Frontière, s’aventurer
Echafauder avec les cannes des bambous toujours plus hauts, plus flexibles, plus légers.
Réfléchir — un temps.
Enfiler les palmes, les échasses. Prendre de la distance & rassembler le monde.
Chercher le front de mer, le front de frontière, l’affronter.
Courir, grimper.
Plonger. Etre celui qui plonge.
Qu’on ne reconnaît pas
Personne se retourne.
Le monde de chaque côté continue de bouger.
Virginie Gautier
Et si vous souhaitez lire mon texte sur son Carnet des départs, cliquez ici.
Tous les autres vases sont recensés par notre chère Brigitte, merci !
jeudi 3 juillet 2014