Imaginer la rencontre entre un objet (choisi sur place parmi ceux que j’avais amenés) et un lieu de votre choix.
C’est au bout de cette queue que j’ai choisi mon film,
Salle 1
C’est au bout de ce sillage - fauteuils, têtes, fauteuils, têtes, écran blanc - que j’ai choisi ma place
Salle 1
C’est de cette place, sous les enceintes, derrière un grand costaud, que j’ai connu le remords,
Salle 1
Le son de l’attente, forte publicité, et cette enceinte qui me frétille les tympans,
Salle 1
Me déplacer, m’éloigner d’elle et de lui qui se gratte - et d’elle qui me tamponne
Enjamber des inconnus, partager sans gène,
Salle 1
C’est au bout de ce fil, son en discontinu que circule ma gène,
Salle 1
Couper le son, ne faire que voir,
Anéantir cette enceinte, sale enceinte
Salle 1
Enceinte, inceste, enceinte, étreintes, enceinte, ensuite, force d’écoute,
Enceinte éteinte
Salle 1.
Nelly
C’est une attraction détestable. Il m’attire
Une attraction que je déteste
Je voudrais être calme
Calme fluide
Sens délimités, illimités
Je flotte
Je monte
Je descends
Je couvre, découvre
Découvre cet objet inutile
Ce faux phare qui indique rien avec sa lumière vulgaire
Je ferme les yeux
Je les couvre
Invisibilité
Derrière les yeux
Une lumière
Douce, diffuse
Phare de l’intérieur
John Skinner
Une bicoque en bois, toute de guingois, sur une falaise, la mer.
Le vent hurle au travers des planches disjointes.
Les mouettes dérivent, leur cri de bébés emplit l’espace.
Les hautes herbes sifflent, fouettées par le vent.
Les vagues se fracassent contre les rochers, là-bas, tout en bas.
Le sol tremble sous leurs coups de butoir.
Le sable vient crisser en tourbillons contre le seuil.
Dedans, le silence.
Un homme, couché dans un coin, ou plutôt lové.
Yeux fermés, il respire calmement.
Un rayon de soleil vient agacer sa paupière
Eclair orange sous la paupière
Il ouvre les yeux, éclairs de mer.
Se lève lentement, écoute, ferme les yeux, écoute le dehors.
La pièce est nue. Rien, sauf un long clou rouillé planté dans l’unique poutre.
Au bout du clou, un long ruban en satin blanc défraichi.
Au bout du ruban, un petit sac de femme en perles avec un fermoir en nacre ouvragé.
Il ouvre le sac avec d’infinies précautions, en sort un petit flacon de parfum ambré,
le respire, s’en imprègne jusqu’au fond de son ventre, jusqu’au bord de sa peau.
Il hume le souvenir d’elle mélé aux senteurs de la mer, des herbes sèches, des oeillets sauvages, de la terre salée.
Puis il saisit le clou rouillé,le tire, le tord, l’arrache de la poutre.
Il lacère le petit sac, brise le flacon.
la terre boit le parfum .
Lorsqu’il ne reste plus rien, de menus éclats de verre, perles éparpillées, échardes de nacre luisante,
il arrache la planche pourrie qui obstrue la porte et sort.
Le long ruban blanc passé à son cou flotte.
Le vent le prend
Isabelle
vendredi 26 novembre 2010, par