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Le je/u est sous vos pas

Une proposition d’écriture est difficilement traduisible par écrit, le contexte (les participants, le temps qu’il fait, la voix de celui/celle qui propose, les digressions liées à cet exercice d’improvisation relative, le lieu...) participe tant de la proposition elle-même que je répugne à la mettre par écrit.
Pour la proposition que j’ai faite dernièrement aux étudiants du DUAEE (Diplôme d’Animateur d’atelier d’écriture) de Montpellier III, j’opte donc pour la mise en ligne de mes notes (un chouïa coupées/augmentées), ce qui vous donnera tout de même une idée :

Terrain de jeu, des pistes

Au départ de cet atelier, l’invitation d’Anne Savelli de mars dernier au Centre Cerise : écrire un pecha kucha sous le signe du terrain de je/u. L’ensemble des pecha kucha lus lors de la soirée sont en ligne sur remue.net

Mon terrain de jeu = le brise-lames, le Journal du brise-lames (le texte + le jeu-vidéo que je suis en train de concevoir avec Stéphane gantelet)

Jeu sur le « je » : quand il y a du jeu, on est toujours plusieurs

Serious game = jeu sérieux = jeu d’enfant
Jeu "sérieux" quand enjeu bien plus important que perdre ou gagner des points ou de l’argent
Enjeu = faire des expériences où tout l’être est engagé (et grandir)
« Chaque enfant qui joue se conduit comme un écrivain, dans la mesure où il crée un monde à son idée, ou plutôt arrange ce monde d’une façon qui lui plaît… Il joue sérieusement. Ce qui s’oppose au jeu n’est pas le sérieux, mais la réalité ».
+ Il faut ici distinguer, comme le fait Winnicott, le jeu (game), qui peut être organisé socialement, et l’activité beaucoup plus essentielle de jouer (playing). Jouer est un acte créateur, une invention d’un individu, qui permet une infinité de variations, alors que les jeux de société ou éducatifs sont beaucoup plus limités.

Jeu (dans le sens de « game ») dit objectif à atteindre, dans le jeu-vidéo du Journal du brise-lames aucun objectif, aucun point à gagner mais barre de progression et points de vie toujours présents (gagner des "points de vie" en lisant, écoutant, regardant, progressant dans l’œuvre)
cf Filliou : l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art
Avec ce jeu-là qu’il s’agit de jouer

Terrain de jeu : espace du jeu, définit le cadre, les contraintes, les limites, ouvre les possibilités (consignes dans une proposition ?)

Proposition :

Sebald, terrain de jeu où on ne s’y attend pas (dans des douves asséchées) Les émigrants p. 256

Terrain de jeu sous vos pas (clin d’œil au site La ville est sous mes pas de Cécile Portier qui a fait l’objet d’un deuxième atelier)

1er temps (15 mn) : marcher en regardant le sol, regarder les choses en soi, cf « l’innocence de l’œil » ds la bio de G. Stein p. 155 + exercice du regard en danse (marcher en absorbant, en accueillant ce qui se présente à la vue puis - ds le 2nd temps - marcher en fouillant du regard, regard plus prédateur)

2nd temps (15 mn) : prendre une photo d’un détail du sol qui pourrait constituer le terrain d’un jeu à inventer

3ème temps (30 mn) : écrire un texte court qui donnera les clés de ce jeu/je


J’AIME BIEN REGARDER
LE TROTTOIR QUAND JE
MARCHE DANS LA RUE.
PARCE QUE C’EST VIDE
ET QU’IL N’Y A PAS DE
COULEURS. IL Y A DES
PETITES FISSURES,
ET COMME DES PETITES
ECORCHURES AUSSI MAIS
ON SENT BIEN QUE ҪA NE
VA PAS CRAQUER COMME
ҪA.UN PEU PARTOUT,
D’EPAISSES PLAQUES
DE FONTE BRUNE FERMENT
DES TRAPPES QUI CONDUISENT
VERS DES MONDES DE LABYRINTHES
COMPLIQUḖS, MYSTERIEUX,
SOUTERRAINS.
C’EST LA PROMESSE D’UN
UNIVERS OỪ ON SERAIT A
L’ ABRI, UN QUELQUE PART
OỪ L’ON POURRAIT S’INVENTER.


(Pierre-Antoine)


ce serait un oiseau
il aurait 
des plumes
deux ailes
deux pattes
et une queue
mais plus de tête

son corps rouge béant
s’offre indécent à tous les insectes

son cœur
à quel rythme battait-il ?


(Caroline F.)


Contrôler la valve dans le bleu délavé.
Ne pas toucher l’âme en teck dans le demi-cercle,
ni les tirets verticaux,
ni les tirets horizontaux,
ni le liseré bleu-nuit.
Pas compris la règle écrite en anglais.
20 secondes.
Temps écoulé.
Encore raté !


(Elsa)


On dirait que tu te caches, que tu te terres,
Dans le sous-bois,
On dirait que tu te joues de nous
Apparition,
Disparition
De ton corps, carapaces
à tes plumes
On dirait que tu n’en fais qu’à ta tête
Racines,
Feuilles,
Ecailles
Tu vis là, prêt de nous :
Signes

Tu es la trace que nous cherchons
On dirait que nous partons à ta rencontre.


(Céline)


Une flaque, un vestige de flaque, investi par Shakespeare qui aurait gagné l’Europe Centrale.
On ne saurait pas précisément en quels pays est placardée la minuscule affiche plaquée par l’averse ni où se joue le poète sur ce continent humide et éphémère ni où se coulent les heures heureuses promises…


(Agathe)


Je devrais te découvrir entre les feuilles,
m’étendre au sol,
prendre tes formes,
suivre tes veines.
Puis, de tout mon long, les bras tendus comme toi,
Je deviendrais Racine.


(Emmanuelle)


Craque le figé du monde à être plat. Fissure le bloc du monde à être droit. Fente le dur, racines qui s’ensuivent, rhizome aux aguets, pas de deux, trois, quatre, nombres en expansion, embryon au-dedans, au-dehors développe. Et la vie est.

(Benoit)

sol en vagues
embrasées
je vois clair
dans ton jeu
l’âme brisée
j’y sombre
le brise-lames
j’y nage

(Philippe)

Fê ← → lé
REPOUSSER LES LIMITES :
• Pour ne pas
• Pour ne pas devenir
devenir flou
l es _ ec fra__ ___gmen____
____________ _____
____ ____ ____ ____ __ _____
_____taires
Toucher la brèche ↑
>>>>>>Et nager à<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<
<<<<<<<<<<>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>
>>>>>>>>>>>>>>>>>contre c.<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<
<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<contr
e courant<<<<<et le gris envahit le bocal
_ !¡ RESPECTER LES R È GLES ¡ !
JEU À CRAWL OU À-LA-BRASSE ©
cou
l
er la pureté du blanc mouler dans le béton
−··· ·−·· ·− −· −·−·

(Ornella)

Le jeu commence en berge dès que tu sors de l’eau
Tu t’ébroues comme un chien par chacun de tes pores
Et puis tu suis tes gouttes et tu les comptes toutes
Avant qu’elles s’évaporent tu arrives à demain
C’est clair et c’est l’aurore de ton premier matin

(Fabienne)

(Sylvie C.)

Marcher
sur des points, ici.

Des ronds , des tâches, des cercles tombés, posés, collés.
Cailloux, galets, graviers,
tout est rond sous mes pieds.
Mille points séparés qui, rassemblés,
dans le cadre, forment lignes et carrés.
je suis cet ensemble de points dessinant des traits

m’invitant au jeu en inventant une nouvelle ligne de vie…
"Je" en pointillé.

(Carine)

Alors moi je prends la flèche bleue
parce que je suis un garçon
Et toi tu prends la flèche jaune parce que t’es un citron

Et après tu dois suivre ta flèche jusqu’au bout.

C’est ça le jeu.

Même si la flèche elle va dans un escalier très haut tu dois y aller quand même.

(même si la flèche elle va dans un presse citron tu dois y aller quand même)

Si t’y vas pas, c’est pas du jeu.

Et même si la flèche elle va dans un océan avec des requins qui font des incendies qui brûlent tout et même si les requins ils ont des mitraillettes tu dois y aller quand même.

Allez 3,2,1, partez !

(Charly)

Je compte jusqu’à toi- cinq-dix onze quinze-trois
Attention c’est la loi : fil rose et tu le suis du petit de tes doigts
Et si tu perds le fil tu retournes à la terre tu montes
Et redescends et puis tu tourbillonnes looping accéléré
On s’emmêle on se noue on redescend on y est. Le jeu est terminé.

(Fabienne)

Tu viendras d’en haut
Et plongeras vers le bas.
A droite ou à gauche
ne sortiras pas
Même si, grande envie t’en prendra.
Indispensable tu es
dans ce rôle là.
sans toi,
point de verticalité.

(Solange)

A la croisée des chemins
Tu crois en ton destin
Croise les doigts, c’est sérieux
Pour rien ou pour demain
Ne fais pas le malin
Au centre la nuit des incertains
Au delà t’es hors jeu
On y joue ?

(Sylvie P.)

J
e
u
Croix de bois

e
n
f
e
r
Dans l’humus odorant
enterrer,
enterrer les petites bêtes mortes.
Et après ?
Sur l’humus, planter
planter les branches saintes,
faire fleurir les tombes.
Mais alors ?
Il a fallu que tu tues
pour que je décore…
Ce sur quoi naquit nos je(ux)
est un cimetière.

(Catherine)

Du haut l’on voit l’ensemble. Composé de vide sur lequel l’on s’appuie. Confiance en suspension. Un temps, et c’est la tentative du risque de découvrir du nouveau. Encore un temps, et c’est la découverte que le nouveau c’est d’avoir risquer une tentative.
Je suis un secret scellé, une bouche des coups. Salé, sucré, acide, amer, tous permis.
Derrière ma bouche, oui, mais ce n’est dit, ce n’est que deviné, car oui, je suis un non-dit gardé en bouche.
Ouvrir la boite de pandore, ce serait un gâchis. Mieux vaut ne pas. Le secret scellé dit : « il y a une chose ». Et c’est suffisant.

(Benoit)

Parmi les brindilles éparpillées
Affleurant du sol mouillé
A la racine coupée
Par les virus terrassé
Le tronc d’arbre renaît.

Espace de jeu protégé
Sautent les enfants effrayés
Tronc d’arbre coupé
S’envole pour une vie démultipliée

(Christiane)

Prends dans la gueule rouge le dernier mot qui bouge
Va l’accrocher au vert et file au toboggan qui déplace les temps – Participe au présent –
chantant, criant, dansant puis compose au passé surtout plus qu’imparfait –
Le jeu s’arrête quand tu sautes à pieds joints sur le beau futur
Simple

(Fabienne)

(Sylvie C.)

nombre de participants : 2
matériel : une carte par joueur
règle : CHWINOIR, suis moi, si moi y suis

Quand nous avancions près de la mare
la mare au diable, maman disait de faire attention ;
la contourner.
tourner autour,
en faire le tour
surtout ne pas mouiller nos chaussures
pour retrouver la souris CHWINOIR à antennes.

(Mireille)

Jeux ludiques ? Pas envie aujourd’hui.
Laisse-moi être le « Je » d’avant.
Le « Je » qui clope, clopin, clopant.
Jeux d’enfants pas sages, jeux interdits, jeux de hasard, jeux de rôles.
Jeu de la vie, jeu de la mort.
Il a voulu tirer sa révérence aujourd’hui.

(Ingrid)

Tu es seul
Le soleil brille pour le monde
D’abord l’appeler
L’allumer un peu, ensuite le distraire
Lui faire perdre la boule
Le déboussoler
Pour qu’il te tourne autour
Changer le sens
S’il te suit, te chauffe les mollets
C’est gagné.

(Mireille)

vendredi 6 décembre 2013

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